Vingt principes de style pour la clarté
et l’élégance en français

Voici vingt principes, qui combinent les réflexions d’E. Legrand dans « Stylistique française » et de J. Williams dans « Style : Toward Clarity and Grace » :

1. Sujets concrets et actifs : Privilégiez les sujets précis et concrets qui agissent, plutôt que des concepts abstraits ou des objets passifs.

Mauvais : Une sensation de joie a envahi la foule.

Pourquoi c’est mauvais : « Une sensation de joie » est un sujet abstrait et passif, ce qui rend la phrase impersonnelle et moins dynamique.

Bon : La foule a exulté de joie.

Pourquoi c’est meilleur : « La foule » est un sujet concret et actif qui permet de visualiser l’action et de rendre la phrase plus vivante.

2. Verbes précis et imagés : Choisissez des verbes qui dépeignent l’action avec précision et évoquent des images sensorielles.

Mauvais : Il a fait un discours.

Pourquoi c’est mauvais : « Faire » est un verbe générique qui n’apporte aucune information sur la manière dont le discours a été prononcé.

Bon : Il a prononcé un discours vibrant.

Pourquoi c’est meilleur : « Prononcer » est plus précis et « vibrant » ajoute une image sensorielle qui donne de la force au discours.

3. Verbes principaux rapides : Évitez les longues introductions et placez le verbe principal rapidement pour clarifier l’action.

Mauvais : Compte tenu de la situation actuelle, il est important de prendre des mesures.

Pourquoi c’est mauvais : La longue introduction « Compte tenu de la situation actuelle » retarde l’arrivée du verbe principal « prendre », ce qui rend la phrase lourde et difficile à suivre.

Bon : La situation actuelle exige des mesures immédiates.

Pourquoi c’est meilleur : Le verbe « exige » arrive rapidement et met l’accent sur l’action nécessaire, rendant la phrase plus claire et directe.

4. Informations familières en début de phrase : Commencez par des informations connues du lecteur pour faciliter la compréhension et la fluidité.

Mauvais : Un nouvel accord, qui promet d’être bénéfique pour les deux parties, a été signé.

Pourquoi c’est mauvais : La phrase commence par une information nouvelle (« Un nouvel accord ») avant de présenter le contexte (« qui promet... »), ce qui peut déstabiliser le lecteur.

Bon : Les deux parties ont signé un nouvel accord prometteur.

Pourquoi c’est meilleur : La phrase commence par des informations connues (« Les deux parties ») qui permettent au lecteur de mieux comprendre le sujet de l’accord.

5. Informations complexes en fin de phrase : Placez les informations nouvelles ou complexes à la fin pour l’emphase et la clarté.

Mauvais : Une découverte qui pourrait changer le monde a été faite par des scientifiques.

Pourquoi c’est mauvais : L’information principale (« une découverte qui pourrait changer le monde ») est noyée au milieu de la phrase, rendant la compréhension difficile.

Bon : Des scientifiques ont fait une découverte qui pourrait changer le monde.

Pourquoi c’est meilleur : L’information cruciale est placée à la fin de la phrase, ce qui met l’accent sur son importance et facilite la mémorisation.

6. Cohérence des sujets/thèmes : Maintenez la cohérence des sujets et des thèmes dans les phrases successives pour créer un flux logique et une meilleure compréhension.

Mauvais : La pollution est un problème. Une étude a révélé des dangers. Des actions sont nécessaires.

Pourquoi c’est mauvais : Les sujets changent à chaque phrase, créant un manque de lien et de progression logique.

Bon : L’étude sur la pollution a révélé des dangers alarmants. Des actions urgentes sont donc nécessaires.

Pourquoi c’est meilleur : Les phrases sont liées par le sujet « étude » et le thème « pollution », ce qui crée une progression logique et une meilleure compréhension du problème.

7. Concision: Supprimez les mots inutiles et redondants pour un style plus concis et impactant.

Mauvais : En raison du fait que la réunion était longue, nous étions fatigués.

Pourquoi c’est mauvais : L’expression « en raison du fait que » est redondante et alourdit la phrase.

Bon : La longue réunion nous a fatigués.

Pourquoi c’est meilleur : La phrase est plus courte et plus directe, ce qui rend le message plus clair et plus percutant.

8. Contrôle de l’étalement : Évitez les phrases à rallonge avec trop de subordonnées qui rendent la compréhension difficile.

Mauvais : L’homme, qui était grand et fort, et qui portait un chapeau noir, a traversé la rue en courant.

Pourquoi c’est mauvais : La phrase est encombrée de subordonnées (« qui était…, » « et qui portait… ») ce qui la rend lourde et difficile à suivre.

Bon : Le grand homme, portant un chapeau noir, a traversé la rue en courant.

Pourquoi c’est meilleur : La phrase est plus concise et se concentre sur l’information essentielle, ce qui facilite la compréhension du message.

9. Structures parallèles : Utilisez des structures parallèles pour créer un rythme harmonieux et une élégance stylistique.

Mauvais : Elle aime lire, écrire des poèmes et la musique.

Pourquoi c’est mauvais : Les éléments de la liste ne sont pas exprimés de manière parallèle, ce qui rend la phrase moins harmonieuse.

Bon : Elle aime lire, écrire des poèmes et écouter de la musique.

Pourquoi c’est meilleur : Les éléments de la liste sont tous des verbes à l’infinitif, ce qui crée un rythme agréable et renforce l’impact du message.

10. Empathie pour le lecteur : Écrivez en pensant à votre lecteur et à sa compréhension. Évitez le jargon et les constructions complexes inutiles.

Mauvais : L’exégèse de ce texte requiert une analyse approfondie des procédés stylistiques et de la rhétorique de l’auteur.

Pourquoi c’est mauvais : Le vocabulaire est trop spécialisé et la construction de la phrase est complexe, rendant la phrase difficile à comprendre pour un lecteur non expert.

Bon : Pour bien comprendre ce texte, il faut analyser en détail le style et les figures de rhétorique utilisés par l’auteur.

Pourquoi c’est meilleur : Le langage est simple et accessible, et la phrase est structurée de manière claire, ce qui facilite la compréhension du message pour un public plus large.

11. Minimiser “Être”, “Avoir”, “Faire”, “Dire”: Remplacez ces verbes par des options plus précises et imagées lorsque cela est possible.

Mauvais : Il a fait un effort.

Pourquoi c’est mauvais : « Faire » est un verbe générique qui ne donne pas d’image précise de l’effort.

Bon : Il s’est efforcé avec acharnement.

Pourquoi c’est meilleur : « S’efforcer » est plus précis et « avec acharnement » donne une image de l’intensité de l’effort.

12. Verbes attributifs : Utilisez des verbes attributifs pour décrire les états et les qualités plutôt que « être » + adjectif.

Mauvais : Il est courageux.

Pourquoi c’est mauvais : « Être courageux » est une formulation simple, mais statique.

Bon : Il fait preuve de courage.

Pourquoi c’est meilleur : « Faire preuve de » suggère une action et met l’accent sur la manifestation du courage.

13. Noms de Qualités : Remplacez les groupes nominaux avec adjectifs par des noms de qualités pour dynamiser l’écriture.

Mauvais : Les personnes intelligentes réussissent.

Pourquoi c’est mauvais : La phrase est centrée sur les personnes plutôt que sur la qualité qui les fait réussir.

Bon : L’intelligence mène à la réussite.

Pourquoi c’est meilleur : La phrase met l’accent sur l’intelligence en tant que moteur de la réussite, ce qui rend la phrase plus dynamique et abstraite.

14. Solutions de rechange aux formes passives lourdes : Privilégiez les tournures actives, les verbes pronominaux, ou les noms d’action pour éviter les formes passives lourdes.

Mauvais : La décision a été prise par le comité.

Pourquoi c’est mauvais : La forme passive rend la phrase moins dynamique et moins claire sur qui a pris la décision.

Bon : Le comité a pris la décision.

Pourquoi c’est meilleur : La forme active est plus directe et précise l’acteur de l’action.

15. Limiter les pronoms relatifs : Remplacez les propositions relatives par des appositions, des participes, des adjectifs ou des propositions indépendantes pour alléger les phrases.

Mauvais : Le livre qui est sur la table est à moi.

Pourquoi c’est mauvais : La proposition relative « qui est sur la table » alourdit la phrase.

Bon : Le livre sur la table est à moi.

Pourquoi c’est meilleur : La suppression de la proposition relative rend la phrase plus concise et fluide.

16. Gérer les pronoms « il » et « elle » : Assurez-vous que ces pronoms ont des antécédents clairs et évitez les répétitions inutiles.

Mauvais : Pierre a rencontré Paul. Il lui a dit qu’il devait partir.

Pourquoi c’est mauvais : Le deuxième « il » peut se référer à Pierre ou à Paul, créant une ambiguïté.

Bon : Pierre a rencontré Paul et lui a dit qu’il devait partir.

Pourquoi c’est meilleur : L’utilisation de « lui » au lieu du deuxième « il » clarifie que c’est Pierre qui parle.

17. Alternatives à « ceci » et « cela » : Utilisez des expressions plus précises et informatives au lieu de ces pronoms vagues.

Mauvais : Ceci est important.

Pourquoi c’est mauvais : « Ceci » est vague et ne permet pas de savoir de quoi il s’agit.

Bon: Ce point est crucial.

Pourquoi c’est meilleur : « Ce point » est plus précis et permet de mieux comprendre de quoi il est question.

18. Éviter les cascades de prépositions : Réduisez les successions de prépositions pour améliorer la fluidité et la clarté.

Mauvais : Il a parlé de l’importance de la question de l’éducation.

Pourquoi c’est mauvais : La succession de prépositions « de » rend la phrase lourde et difficile à suivre.

Bon : Il a souligné l’importance de l’éducation.

Pourquoi c’est meilleur : La suppression des prépositions inutiles rend la phrase plus claire et plus concise.

19. Remplacer les adverbes en « -ment » : Utilisez des verbes, des adjectifs, des noms, ou des propositions pour éviter les adverbes en « -ment ».

Mauvais : Il a agi courageusement.

Pourquoi c’est mauvais : L’adverbe « courageusement » est lourd et manque de précision.

Bon : Il a fait preuve de courage.

Pourquoi c’est meilleur : L’expression « faire preuve de courage » est plus élégante et plus expressive.

20. Solutions de rechange aux adverbes de quantité : Utilisez des noms, des adjectifs ou des verbes pour exprimer la quantité de manière plus précise et variée.

Mauvais : Il y a beaucoup de livres dans la bibliothèque.

Pourquoi c’est mauvais : « Beaucoup » est vague et n’apporte pas de précision sur la quantité de livres.

Bon : La bibliothèque regorge de livres.

Pourquoi c’est meilleur : « Regorger » donne une image plus vivante et précise de l’abondance de livres dans la bibliothèque.